Visages des femmes du monde et défis contemporains (3/7)

, par Claire

L’Europe et l’Amérique du Nord

Commençons par l’Europe. Les injustices rencontrées par les femmes existent encore. Le qualificatif de démocraties politiques portées sur l’égalité entre citoyens n’altère malheureusement pas ce constat.

En termes de salaires, une femme européenne gagne en effet aujourd’hui en moyenne 16 % de moins que son homologue masculin. Pourtant des lois existent et dans de nombreux pays, comme en France, mais leur application en est au mieux incertaine, au pire inexistante.

Cet écart révèle un autre problème plus général de la conciliation entre vie privée et familiale et vie professionnelle, qui sillonne le travail des femmes en Europe. Trop souvent surreprésentées dans les catégories d’emploi à temps partiel et trop souvent subi, elles sont 30% à occuper un emploi à temps partiel contre 5% des hommes en France !

Un constat : l’Union Européenne comprend sept fois plus de mères célibataires que de pères célibataires. Seules 55 % des mères de plus de trois enfants ou plus travaillent contre 85 % pour les pères. En d’autres termes, être père de famille s’avère être un tremplin vers l’emploi, quand être mère de famille grève les chances de carrière.

La maternité a toujours eu des conséquences négatives sur la carrière professionnelle des femmes. Et cela impacte beaucoup de pans de leurs carrières : elles sont sous-représentées dans les postes à responsabilité et les conseils d’administration des grandes entreprises, malgré des discours et des déclarations prônant l’égalité des genres, malgré les quotas imposés par les lois de certains pays. Cette inégalité se poursuit jusque dans la perception d’une retraite décente : les femmes subissent en France une différence de pension de 38 % du fait de carrières incomplètes et moins bien rémunérées, et notre fameuse réforme des retraites ne va pas dans le sens d’une amélioration des déséquilibres.

Surtout, l’ensemble de ces défis est exacerbé par une crise financière qui affecte d’abord les populations les plus fragiles - les politiques d’austérité généralisée mises en place partout en Europe ne font qu’aggraver la situation. L’OIT estime ainsi qu’au niveau mondial, la crise va précipiter dans le chômage 18,7 millions de femmes, poussant un grand nombre d’entre elles dans les emplois dits « informels » ou dangereux avec plus de rapidité que les hommes.

Plus encore, cette crise paralyse les droits existants assurés aux femmes ; la crise surajoute au déficit des protections. La précarité et le recul des droits sociaux sont des constantes. Ainsi, les discriminations subies par les femmes sont accrues en période de crise, la peur de la perte d’emploi justifiant malheureusement toutes les bassesses.

La situation des femmes migrantes soulève d’autres problématiques. Potentiellement sans papiers – et l’on sait la dureté des situations de travail et de vie dans lesquelles cela les plongent -, elles font face à des défis surabondant, ajoutant à la difficulté d’être femme celle d’être l’étrangère. Comprendre une culture différente, apprendre une langue nouvelle, écrire et lire, sont autant d’obstacles à l’obtention d’un emploi. Finalement employées, elles ne le seront souvent pas grâce aux formations et titres académiques originaux, la discrimination frappant une fois encore. Le syndicalisme ne pourra pas faire abstraction de cette réalité dans une époque globalisée faite de mobilités régionales et internationales.

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