Le 8 mars, journée internationale de la femme. FO soigne ses référent(e)s égalité professionnelle

, par Claire

L’égalité professionnelle entre femmes et hommes fait depuis peu l’objet de nouvelles velléités, alors qu’il est évident que la réduction de l’écart peine à se réaliser, surtout en période de crise et l’austérité. Poursuivant son investissement en la matière, Force Ouvrière a une nouvelle fois, cette année, concrétisé son action en organisant une journée des référent(e)s, acteurs de ce combat.

Depuis 1972, date à laquelle le principe de l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes a été inscrit dans le Code du travail, l’arsenal législatif et réglementaire a grossi, sans pour autant montrer une efficacité proportionnelle puisque l’écart ne se réduit guère, et a quelque peu complexifié les procédures et demande certaines connaissances.

Ainsi, chaque année, une négociation sur « les objectifs d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes dans l’entreprise, ainsi que sur les mesures permettant de les atteindre », doit être engagée par l’employeur « dans les entreprises où sont constituées une ou plusieurs sections syndicales d’organisations représentatives ». Et cela, tant qu’un accord n’a pas été conclu.

D’autre part, la négociation interprofessionnelle sur la Qualité de vie au travail (QVT), que FO souhaite depuis 2007, a vu sa première séance se dérouler le 21 septembre dernier et devrait se pencher sérieusement sur les sujets de l’égalité femmes-hommes et sur une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie familiale. Autant de raisons pour que FO, investie de longue date dans ce combat, organise une nouvelle fois, le jour même de la journée internationale des droits de la femme 2013, ce 8 mars, une action concrète : accroître les connaissances et la réflexion de ses militant(e)s avec une journée des référent(e)s, acteurs des négociations en la matière, et offrir un espace de dialogue.

Un point qu’a tenu à souligner l’une des intervenantes invitées, Christine Branchu, inspectrice à l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) et co-auteur d’un rapport sur La politique d’égalité professionnelle en France : éléments de comparaison avec le Québec, la Belgique et la Suède, qu’elle a présentés comme « bien classés dans les statistiques internationales ». Pour elle, qui a détaillé ce rapport, l’essentiel de la montagne a été gravi en France, mais ce sont les derniers mètres qui sont difficiles... Question de mesures, sans doute...

Anne Baltazar, Secrétaire confédérale FO chargée des questions d’égalité professionnelle, a ouvert les débats de cette journée organisée par son secteur. Elle a également annoncé la mise en ligne du site FO, consultable à l’adresse http://egalitepro.force-ouvriere.org. Lui ont succédé ensuite ses homologues, Michelle Biaggi, remarquant que « travailler sur l’égalité des femmes, c’est aussi travailler sur la syndicalisation des femmes », et Andrée Thomas, chargée de l’international, qui, lors d’un « focus sur l’actualité européenne et internationale », a présenté un tableau peu réjouissant sur la plupart des continents. Et ce, tout particulièrement en Extrême-Orient, en Colombie, en Tunisie et au Proche-Orient, où elle s’est rendue récemment.

Ensuite, France Sponem, assistante confédérale de FO, qui siège au Comité des femmes de la Confédération européenne des syndicats (CES), a rappelé, dans son « analyse des impacts de la crise sur les femmes », quelques données chiffrées. Notamment le fait qu’en France les femmes représentent 46% de la population et seulement 5% des conseils d’administration – alors que l’objectif est à 40%–, mais aussi qu’elles constituent 82% des personnes qui travaillent à temps partiel et qu’elles sont 1,5 million à se trouver en temps partiel subi, touchant en moyenne 719 euros par mois. Tout cela alors que la crise et les coupes budgétaires ont particulièrement touché l’emploi féminin. Autres chiffres : selon le ministère du Travail, 17% des femmes subissent au travail des pressions psychologiques et même physiques pour 8% d’entre elles. Et ce sont souvent des femmes en situation de famille monoparentale, celles qui n’ont guère le choix. D’autre part, elle note que les femmes ont de plus en plus de mal à articuler vie professionnelle, personnelle et familiale.

Le sujet de la négociation interprofessionnelle sur la qualité de vie au travail a été présenté conjointement par Sébastien Busiris, secrétaire fédéral FO Banques, et Laurence Eugénie, secrétaire fédérale à la FNEM FO (Énergie et Mines). Cette dernière a fait le constat qu’il n’y a en la matière « pas d’avancée concrète ». Que l’on se trouve davantage dans le cadre « d’une concertation plutôt que d’une négociation », et que FO fait des « propositions concrètes », jugées « inacceptables » par le patronat. Le MEDEF veut bien s’engager, mais « sans coût ni contraintes », ajoute Sébastien Busiris, qui déplore que cette attitude soit acceptée par d’autres organisations syndicales. Il a également posé la question du rôle de l’État en matière de transport, de logement, de garde d’enfants, de crèche...

La parole a été régulièrement donnée aux référent(e)s, qui n’ont parfois pas mâché leurs mots. On a ainsi pu entendre Martine Derobert, qui a fait part d’un fort ressenti de « choses qui n’avancent pas ». Il a également été déploré que les femmes soient parfois très sous-représentées dans les UD et les UL. Fadila Doukhi, de l’administration pénitentiaire FO Grand-Est, a rappelé que l’on trouvait 30% de femmes dans la pénitentiaire et que, dans certains établissements, il arrivait que des gardiens refusent de serrer la main aux femmes. Une autre référente a souligné les difficultés des femmes employées dans les hôpitaux, où elles sont en majorité, travaillant souvent 12 heures d’affilée, ce qui n’est pas sans poser de sérieux problèmes de transport et dans leur vie hors du travail.

Clôturant les interventions, l’économiste Rachel Silvera (voir article ici), maîtresse de conférences à l’université Paris X, spécialiste reconnue du sujet, a présenté le guide, dont elle est l’une des co-auteurs, Un salaire égal pour un travail de valeur égale. Indispensable à tous ceux qui se mobilisent sur le sujet, hommes et femmes.

- Lire l’encadré sur le RSC ici

Michel Pourcelot

Article publié dans FO Hebdo le 20 mars 2013