Rachel Silvera : la juste valeur

, par Claire

« Un salaire égal pour un travail égal. » C’est bien plus qu’« à travail égal, salaire égal ».

Pour une réelle égalité salariale, il vaut mieux prendre en compte la valeur des emplois, notamment à prédominance féminine, souvent sous-valorisés. Car on considère que ces derniers « font appel à des qualités naturelles de la femme. Mais cela nécessite de vraies compétences et du temps pour les acquérir ».

Ainsi, « pourquoi dans une même entreprise, une assistante de direction trilingue gagnerait-elle moins qu’un technicien si tous les deux ont un BTS ? », demande Rachel Silvera, intervenante lors de cette journée FO et pour qui les métiers à prédominance féminine doivent être revalorisés.

Pour ce faire, cette économiste, maîtresse de conférences à l’université Paris X, a co-rédigé le Guide pour une évaluation non discriminante des emplois à prédominance féminine, avec Séverine Lemière, docteur en sciences économiques, et Marie Becker, juriste au Défenseur des Droits (DDD), institution chargée de veiller à la protection des droits et des libertés, ainsi que de promouvoir l’égalité.

Présenté le 1er mars dernier par le DDD, ce guide est destiné à tous ceux qui sont amenés à examiner les classifications et les salaires, c’est-à-dire à tous les acteurs et actrices de la négociation collective de branche et d’entreprise : employeurs, directeurs/trices des ressources humaines (DRH), consultants, syndicats, instances représentatives du personnel... Et, bien sûr et entre autres, à tous les salarié(e)s qui estiment être discriminé(e)s professionnellement et qui souhaitent voir reconnaître la valeur réelle de leur emploi. Et de rappeler l’article L3221-2 du Code du travail, qui enjoint que « tout employeur assure, pour un même travail ou pour un travail de valeur égale, l’égalité de rémunération entre les femmes et les hommes ». Le travail de valeur égale est défini par l’article L3221-4 comme celui qui exige des salariés « un ensemble comparable de connaissances professionnelles consacrées par un titre, un diplôme ou une pratique professionnelle, de capacités découlant de l’expérience acquise, de responsabilités et de charge physique ou nerveuse ».

Pour Rachel Silvera, « le rôle sexué des métiers » entrant en jeu dès l’orientation, les stéréotypes de genre perdurant et se construisant tout au long de la vie –« de la cour de récréation à l’entreprise en passant par la famille ou les médias ». Il faut « agir sur la représentation que l’on se fait des métiers ». Et, si nécessaire, remettre cent fois les métiers sur le métier.

Michel Pourcelot. Article publié dans FO Hebdo le 20 mars 2013