La crise en Europe et ses conséquences sur l’aide aux personnes et les structures d’accueil

, par Claire

Allocution de France SPONEM-PEREZ (présidente du Comité des femmes de la CES et assistante confédérale FO) lors de la 2ème Conférence mondiale des femmes de la CSI (Dakar, Sénégal). Novembre 2013.

Dans un premier temps, il est important de donner quelques éléments sur la situation des citoyens et citoyennes européens, depuis 2008 et sur les conséquences de la crise sur l’emploi, dans les pays de l’Union Européenne.

La crise a entrainé une forte augmentation du chômage en Europe avec de fortes disparités selon les pays. 12% des européens, soit environ 26 millions, sont chômeurs. On compte 23% de chômeurs chez les jeunes.

Les hommes ont davantage été touchés par les suppressions d’emplois, réduisant ainsi l’écart du taux d’emploi entre les femmes et les hommes. En effet, les hommes étaient fortement représentés dans les activités industrielles qui ont subi les premiers effets de la crise.

Cependant, les femmes sont surreprésentées dans les emplois précaires faiblement rémunérés (travail à temps partiel, intérimaires, travailleurs domestiques et employés dans l’économie informelle).

La ségrégation des emplois féminins, les effets de la maternité et la discrimination engendrent des inégalités salariales d’environ 16% au détriment des femmes, même si l’on constate progressivement une diminution du salaire des hommes.

Une constatation s’impose : le taux d’emploi des femmes diminue de 12% lorsqu’elles ont des enfants alors qu’il augmente pour les pères dans la même situation. Les femmes continuent à endosser la majeure partie des responsabilités familiales liées aux soins à la personne et la plupart des tâches ménagères.

Il convient également d’aborder la question des violences faites aux femmes. En Europe, une femme sur cinq a subi de la violence domestique et chaque jour 7 femmes meurent sous les coups de leur compagnon.

Le harcèlement sexuel est souvent dissimulé et donc difficilement éradiqué. On estime que 40 à 50% des personnes harcelé(e)s ont subi ces actes répréhensibles sur le lieu de travail.

Depuis le début de la crise, on estime que 24% des européens sont menacés de pauvreté (environ 120 millions de personnes) :

- 27 % pour les jeunes européens.
- 37 % pour les familles monoparentales dont la plupart du temps le chef de famille est une femme.

Il existe toutefois de grandes disparités selon les États européens.

Presque partout en Europe, les services publics ont subi des réductions drastiques. Les conséquences touchent les structures pour les enfants et les adultes dépendants, le logement, les soins à la santé et, plus largement, la protection sociale.

Ces réductions budgétaires ont induit des effets sur la situation des femmes, en qualité d’employées et d’usagères des services de soins.

A de nombreuses reprises, la Confédération Européenne des Syndicats (CES) a saisi la Commission Européenne pour lui rappeler combien l’Union Européenne a besoin d’un réel investissement social. Il serait justifié d’y consacrer un budget afin d’assurer un soutien aux personnes dans le besoin.

La Commission Européenne vient de présenter son paquet d’investissements sociaux (PIS) pour :

- les soins de santé de longue durée,
- les investissements pour l’enfance,
- la formation et la réinsertion,
- l’éducation.

L’Europe recommande aux États de consacrer des ressources budgétaires nécessaires susceptibles de lutter contre la pauvreté.

La CES regrette que le PIS soit assorti d’une simple recommandation aux pays européens et non d’un instrument législatif plus contraignant. Les politiques d’austérité de ces dernières années ont eu pour résultat des réductions d’emplois dans le secteur public, l’affaiblissement des systèmes de protection sociale et une réduction drastique des investissements pour les services à la personne, enfants et personnes dépendantes.

Pour sa part, le Comité des femmes de la CES continuera à œuvrer pour une véritable égalité entre les femmes et les hommes, réaffirmer la priorité d’une véritable égalité salariale, la conciliation vie privée, vie familiale, vie professionnelle, la lutte contre la violence et défendre une meilleure place pour les femmes dans les structures syndicales.