Le travail des femmes toujours illégitime ?

, par Claire

Extrait de la revue de la FNEM-FO, Lumière et Force n°312, été 2014

Notre société, qui se veut pourtant développée et libérale, fait toujours face aux préjugés. Le travail des femmes est moins visible que celui des hommes. Il subsiste ainsi constamment un soupçon d’inactivité qui pèse sur les femmes. C’est ce qui ressort du dernier rapport du CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental) de février dernier intitulé Les femmes éloignées du marché du travail, présenté par notre rapporteur FO, Hélène FAUVEL.

La crise défavorise l’emploi des femmes

Pendant que les chiffres du chômage augmentent, les publics « fragiles » face à l’emploi continuent d’encaisser les coups durs. L’opinion publique n’aide guère en la matière. Selon une étude INSEE de 2011, un quart des Français (davantage des personnes âgées que les jeunes) estiment qu’en période de crise économique, il faut donner la priorité à l’embauche masculine ! Ainsi, le droit à l’autonomie économique des femmes, grâce à leur travail n’est pas encore pleinement reconnu. Néanmoins, depuis quelques décennies, la féminisation de la population active s’est accrue avec l’augmentation du salariat. Avec 13,5 M de travailleuses, les femmes représentaient en 2011 presque la moitié de la population active, soit 48 % en 2010 ! Elles demeurent cependant moins reconnues et moins valorisées. Leur salaire annuel reste en moyenne de 27 % inférieur à celui des hommes.

Les écarts se creusent au sein de la population féminine elle-même

L’étude du CESE cible particulièrement les femmes qui cumulent faibles qualifications et des difficultés d’accès ou de retour à l’emploi. Près de 71% des femmes sans diplôme ne travaillent pas. Pourtant, près de 40 % d’entre elles auraient préféré rester actives. Les facteurs aggravants sont :

• La composition familiale avec un taux d’activité des mères d’1 à 2 enfants âgés de plus de 5 ans très élevé de 89 % mais qui fléchit dès le 3ème enfant à un taux d’activité de 43 %.
• Le niveau de diplôme. Entre 20 et 29 ans, le taux d’emploi des femmes sans aucun diplôme atteint 29 % contre 52 % pour les hommes dans la même situation.
• Le manque de places d’accueil des enfants. Il existe seulement 52 places pour 100 enfants qui auraient besoin d’être gardés pendant que leur mère travaille, soit 350 000 places à créer.
• La répartition des charges familiales. Les femmes consacrent en moyenne 4 heures par jour aux tâches domestiques contre 2 heures pour les hommes, le même taux depuis 1986…

Plusieurs pistes pour enrayer cette spirale infernale sont ainsi développées, comme éviter les discriminations à l’embauche et à la reprise de travail, développer et diversifier le mode d’accueil des enfants, encourager la gestion partagée des responsabilités familiales.


LES FEMMES FACTEUR DE PERFORMANCE COLLECTIVE

De récents travaux de recherche ont identifié 3 facteurs de performance. L’un des facteurs de performance : le pourcentage de femmes. Les équipes composées de membres avec des QI supérieurs et les équipes avec un QI moyen supérieur n’ont pas obtenu des performances significativement plus élevées. Par contre, les groupes qui comprenaient plus de femmes ont généralement obtenu des performances plus élevées. Ainsi, on peut significativement augmenter l’intelligence d’un groupe de travail et donc sa performance collective en jouant sur sa composition.

Source : travaux de recherches des professeurs Anita Wooley et Thomas Malone publiés dans « Science ».